IDA GOTKOVSKY - Le Concerto

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Ida Gotkovsky a été sollicitée pour écrire un article dans l'Encyclopedie Universalis...

LE CONCERTO


    On appelle aujourd'hui « concerto » une composition de caractère symphonique dans laquelle un instrument soliste dialogue avec l'orchestre. La partie du soliste est en général traitée de telle manière qu'elle permette à l'interprète de mettre en valeur sa virtuosité technique et ses qualités expressives. Les grands concertos romantiques pour le piano, le violon ou le violoncelle sont les chevaux de bataille des solistes internationaux et occupent à ce titre une place importante dans les programmes des concerts. Mais l'histoire du concerto ne se limite pas à une douzaine de chefs-d'œuvre. Ce genre de composition instrumentale a pris, au cours de quatre siècles, des formes si variées qu'il serait vain de vouloir en donner une définition étroite. Néanmoins, à travers elles, il est possible de distinguer un caractère commun : le style concertant, qui est comme l'esprit même du concerto. Et cet esprit-là n'a pas fini d'inspirer les compositeurs.

Origine du concerto
    Le mot même de concerto semble traduire une ambiguïté fondamentale reposant sur une double étymologie entre les deux versions de laquelle philologues et musicologues ne peuvent se résoudre à trancher. « Concerto » vient-il du latin concertare, qui signifie lutter, ou de conserere, qui veut dire unir ?... En fait, la question importe peu, puisque les deux sens se confondent, tant il est vrai que la contradiction se retrouve au cœur même de la composition musicale qui consiste proprement à opposer pour unir.
    Les musiciens ont quelquefois désigné sous le nom de concerto des œuvres assez éloignées de ce que nous entendons aujourd'hui par ce mot. Vers 1580, le Vénitien Giovanni Gabrieli nomme concerto des œuvres vocales avec accompagnement d'orgue ou d'orchestre, et Jean-Sébastien Bach, qui appelait volontiers concerti ses célèbres cantates d'église, n'a-t-il pas donné le titre de Concerto italien à une œuvre pour clavecin seul ?... On pourrait multiplier des exemples de cette nature qui s'expliquent tout simplement par le fait que pendant longtemps le mot de concerto fut souvent pris dans une acception très large qui recouvrait la notion de concert en général.
    Le principe du concerto, qui consiste à jouer de l'opposition entre deux ou plusieurs masses instrumentales de volume inégal, semble bien remonter à l'école vénitienne du XVIe siècle dont les Gabrieli furent les plus illustres représentants. La polychoralité pratiquée par les Vénitiens est en général considérée comme l'élément fondamental du baroque musical, ce qui ferait du concerto le genre baroque par excellence.

Le concerto grosso
    Après un siècle de tâtonnements apparaît vers 1680 le concerto grosso, dont il revient à Corelli d'avoir fixé la forme et l'équilibre.
    Dans le concerto grosso, un petit ensemble de musiciens solistes, le concertino, est opposé à la masse de l'orchestre aussi nombreuse que possible et qui, pour cette raison, prend le nom de concerto grosso (terme qui a fini par désigner l'œuvre tout entière). Le compositeur, faisant alterner les soli et les tutti comme les questions et les réponses d'un discours musical, tire un parti architectural du contraste entre le concertino et le concerto grosso. Cette opposition est encore soulignée par le fait que l'écriture des parties de solistes du concertino est plus brillante et plus ornée que celle de l'orchestre dont les exécutants, les « ripienistes », ont un rôle de remplissage.
    Le concerto grosso eut une vogue considérable en Italie, avec des maîtres comme Corelli, Albinoni, Alessandro Scarlatti, Geminiani, Manfredini, Locatelli, Torelli et Vivaldi. À l'imitation des Italiens, il se répandit bientôt dans toute l'Europe musicale : Jean-Sébastien Bach et surtout Haendel en ont donné d'admirables exemples.

Le concerto de soliste
    Le concerto de soliste est né tout naturellement du concerto grosso en réduisant le concertino à un seul instrument. Antonio Vivaldi ne fut sans doute pas le premier à écrire des concertos de soliste, mais il n'en apparaît pas moins comme le véritable fondateur. C'est avec lui que le concerto prend son architecture définitive en trois parties, avec un mouvement lent encadré par deux mouvements vifs.
    En Italie, en Allemagne et même en France, la vogue du concerto de soliste surpassa celle du concerto grosso. Vivaldi, pour sa part, en aurait écrit près de cinq cents avec instruments divers (violon, flûte, violoncelle, hautbois, basson, etc.) ; la plupart sont encore inédits. L'admiration de Jean-Sébastien Bach pour les concertos de Vivaldi était si grande qu'il en transcrivit lui-même plusieurs pour le clavecin, qui se trouva du coup promu au rang de soliste concertant, alors que jusque-là il ne jouait dans l'orchestre qu'un rôle discret d'accompagnateur.
    Le concerto de soliste introduit dans l'écriture musicale un élément nouveau, à peine perceptible dans le concerto grosso : la recherche de la virtuosité pour elle-même, qui accentue le contraste entre le soliste et l'orchestre et consacre en quelque sorte l'avènement d'un type de musicien inconnu jusque-là, l'interprète prodige. À partir de cette époque, tous les concertos seront écrits à la demande ou à l'intention des solistes qui en seront les interprètes ; quelquefois ce soliste est le compositeur lui-même.

Le concerto romantique
    Vers la fin du XVIIIe siècle, alors que la symphonie prend naissance en Allemagne, le concerto grosso tombe en désuétude et le concerto de soliste commence une nouvelle carrière. Avec Mozart, le dialogue entre le soliste et l'orchestre prend un tour lyrique et presque dramatique ; l'instrument solo devient un personnage. Beethoven, lui, poussera ce drame jusqu'aux limites du tragique, faisant éclater les formes classiques du concerto. C'est dans cette lignée que furent conçus les grands concertos romantiques de Schumann, de Mendelssohn, de Chopin, de Liszt, de Brahms qui furent pendant des décades la prédilection des grands solistes internationaux.

Le concerto moderne
    Au début du XXe siècle, le concerto n'était plus guère qu'un exercice d'école, qui a permis, il est vrai, à des compositeurs comme Saint-Saëns, Tchaïkovski, Glazounov, Lalo et Franck la création d'œuvres remarquables. Mais, avec Ravel, Stravinski, Prokofiev, Bartók et Alban Berg, on assiste à un renouveau du genre, sinon de la forme classique du concerto de soliste. La recherche du style concertant, qui est presque une constante chez la plupart des compositeurs contemporains, redonne un sens neuf au concerto grosso d'Arcangelo Corelli.


Écrit par Ida GOTKOVSKY

Bibliographie
M. T. BOUQUET-BOYER, Vivaldi et le concerto, coll. Que sais-je ?, P.U.F., 1985
J. CULSHAW, The Concerto, Greenwood Publ., Westport, 1979
G. FERCHAULT, Le Concerto, coll. Que sais-je ?, P.U.F., Paris, 1978
D. M. GREEN, B. S. BROOK et al., Antecedents of the Symphony : The Ripiens Concerto & the 18th Century Overture in Naples, Garland Publ., Hamden, 1983
A. HUTCHINGS et al., « Concerto », in S. Sadie dir., The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Groves Dictionaries of Music, New York, 1980
M. PINCHERLE, Corelli, Aujourd'hui, Plan-de-la-Tour, 1982
J. J. RAPIN, Les Formes musicales, Van de Velde, Fondettes, 1986
B. F. SWALIN, The Violin Concerto : a study in german romanticism, Da Capo Press, New York, 1973
D. F. TOVEY, Concertos & Choral Works : Essays in Musical Analysis, Oxford Univ. Press, New York, 1989

 


 

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